La récompense de la grâce
Enfin, étant ressorti à cinq heures du soir, il en trouve encore d’autres sur la place. Il leur dit : “ Pourquoi restez-vous ainsi toute la journée à ne rien faire ?” Matthieu 20 : 6
Cette parabole n’excuse nullement ceux qui ont entendu le premier appel à entrer dans la vigne, mais qui ont négligé d’y répondre. Quand, à la onzième heure, le maître de la maison se rendit sur la place du marché et y rencontra des hommes inoccupés, il leur dit: “Pourquoi vous tenez-vous ici toute la journée sans rien faire?” Ils lui répondirent: “C’est que personne ne nous a loués.”Matthieu 20:6, 7. Aucun des ouvriers engagés tard dans la journée ne se trouvait là le matin. Ils n’avaient donc pas rejeté l’appel. Ceux qui refusent et qui plus tard se repentent font certainement bien de se repentir, mais il est dangereux de prendre à la légère le premier appel de la miséricorde divine.
Quand les ouvriers, la journée terminée, “reçurent chacun un denier”,Matthieu 20:9, 10. ceux qui avaient commencé le travail dès la pointe du jour en furent mécontents. N’avaient-ils pas peiné douze heures? N’auraient-ils pas dû obtenir plus que ceux qui n’avaient travaillé qu’une heure, et cela dans la partie la moins chaude de la journée? “Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, disent-ils, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons supporté la fatigue du jour et la chaleur.”Matthieu 20:12-16.
“Mon ami, répondit à l’un d’eux le maître de la maison, je ne te fais pas tort; n’es-tu pas convenu avec moi d’un denier? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi. Ne m’est-il pas permis de faire de mon bien ce que je veux? Ou vois-tu de mauvais œil que je sois bon? — Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers.”Matthieu 20:12-16.
Les ouvriers de la première heure représentent ceux qui, en vertu de leur état de service, estiment avoir plus de droits que les autres. Ils se mettent à l’ouvrage avec un sentiment de supériorité, et non avec un esprit d’abnégation et de sacrifice. Il se peut qu’ils aient fait profession de servir Dieu toute leur vie, qu’ils aient été les premiers à endurer la fatigue, les privations, les épreuves; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils prétendent mériter une forte récompense. Ils pensent plus à celle-ci qu’au privilège d’être les serviteurs du Christ. A leur point de vue, tous ces travaux et ces sacrifices leur donnent droit à une rémunération plus grande que celle de leurs compagnons; parce qu’il n’en est pas ainsi, ils en sont scandalisés. S’ils apportaient dans leurs activités un esprit de foi et d’amour, ils resteraient à la première place. Mais leur esprit revendicatif n’est pas conforme à celui du Christ et montre combien ils sont peu dignes de confiance. Ils dévoilent ainsi leur ambition personnelle, leur doute à l’égard de Dieu et la jalousie que leur inspire la prospérité de leurs frères. La bonté et la libéralité du Seigneur ne sont pour eux que des occasions de murmurer. Ils prouvent qu’ils ne sont pas en communion avec Dieu. Ils ne connaissent pas la joie de la collaboration avec le maître de la moisson.
Ce qui fait la valeur de notre service aux yeux de Dieu, ce n’est pas la somme de travail que nous accomplissons ni les résultats visibles de nos efforts, mais l’esprit dans lequel nous agissons. Les ouvriers de la onzième heure s’estimèrent heureux de l’occasion qui leur était donnée de travailler; leur cœur vibrait de reconnaissance envers celui qui avait consenti à les engager. Le soir venu, lorsque le maître leur accorda le salaire d’une journée entière, ils en furent grandement surpris, car ils ne pensaient pas mériter autant. La bonté qu’ils lisaient sur son visage les remplissait de joie. Jamais ils n’oublièrent sa générosité, ni le salaire inespéré qu’ils avaient reçu. Il en est de même du pécheur qui s’est engagé à servir le Maître avec le sentiment de son indignité, alors que la onzième heure du jour est déjà arrivée. Son temps de service lui semble être bien court, et il a l’impression de ne mériter aucun salaire. Mais la pensée que Dieu l’a accepté remplit son cœur de joie. Il travaille avec humilité et confiance, heureux d’être ouvrier avec le Christ.
C’est un tel esprit que le Seigneur se plaît à honorer. Jésus désire que nous nous reposions sur lui sans nous inquiéter de la récompense. La question de la rétribution passe à l’arrière-plan, quand il habite dans nos cœurs, car ce n’est pas le mobile qui nous fait agir. Accessoirement, il est vrai, nous devrions avoir égard à la rémunération. Dieu désire nous voir apprécier les bénédictions promises, mais il ne veut pas que nous soyons impatients de recevoir la récompense, ni que nous nous attendions à une rétribution pour chaque devoir accompli. Il nous faut faire ce qui est bien sans nous inquiéter du gain que nous en retirerons. Le mobile de nos actions devrait être l’amour de Dieu et du prochain.
Le Morning Watch est premier plan de lecture du département de la Jeunesse Adventiste paru pour la première fois en 1908, soit un an avant l’intégration officielle du département dans l’organigramme de l’Eglise.
Le Morning Watch mis en ligne depuis janvier 2020 est l’édition de l’année 1908.