Alors JĂ©sus lui dit : Femme, ta foi est grande ; quâil te soit fait comme tu veux. Et, Ă lâheure mĂȘme, sa fille fut guĂ©rie. Matthieu 15:28
âUne femme cananĂ©enne, qui venait de ces contrĂ©es, lui cria: Aie pitiĂ© de moi, Seigneur Fils de David! Ma fille est cruellement tourmentĂ©e par le dĂ©mon.â Les habitants du district descendaient dâune ancienne race cananĂ©enne, et, en raison de leur idolĂątrie, ils Ă©taient lâobjet du mĂ©pris et de la haine des Juifs. La femme qui venait maintenant Ă JĂ©sus appartenait Ă cette race. Elle avait entendu parler du prophĂšte puissant qui, disait-on, guĂ©rissait toutes sortes de maladies, et lâespoir se rĂ©veilla dans son cĆur. PoussĂ©e par lâamour maternel, elle se dĂ©cida Ă parler de sa fille Ă JĂ©sus avec le dessein bien arrĂȘtĂ© de lui apporter sa douleur. Il fallait quâil guĂ©rĂźt son enfant. Elle avait implorĂ© les divinitĂ©s paĂŻennes sans en obtenir aucun soulagement et elle Ă©tait parfois tentĂ©e de penser: Que pourrait bien faire pour moi ce docteur juif? Mais on lui avait dit quâil guĂ©rissait toutes sortes de maladies, et quâil ne regardait pas si ceux qui venaient Ă lui Ă©taient riches ou pauvres. Elle ne voulut pas renoncer Ă son seul espoir. {JC 392.2}
Le Christ connaissait la condition de cette femme. Sachant quâelle dĂ©sirait le voir, il se plaça sur son chemin. En venant au secours de sa misĂšre, il pourrait donner une illustration vivante de la leçon quâil se proposait dâenseigner. Câest pour cela quâil avait amenĂ© ses disciples dans cette contrĂ©e. Il voulait leur faire toucher du doigt lâignorance qui rĂ©gnait dans les villes et les villages voisins du pays dâIsraĂ«l. Le peuple, auquel toutes facilitĂ©s avaient Ă©tĂ© donnĂ©es pour comprendre la vĂ©ritĂ©, ignorait les besoins de son entourage. Rien nâĂ©tait fait pour venir en aide aux Ăąmes quâenveloppaient les tĂ©nĂšbres. Le mur de sĂ©paration Ă©rigĂ© par lâorgueil juif empĂȘchait les disciples eux-mĂȘmes dâĂ©prouver de la sympathie pour le monde paĂŻen. Mais ces barriĂšres devaient ĂȘtre renversĂ©es. {JC 393.1}
Le Christ ne rĂ©pondit pas immĂ©diatement Ă la requĂȘte de cette femme. Elle reprĂ©sentait une race mĂ©prisĂ©e, et JĂ©sus lui fit lâaccueil que les Juifs lui auraient rĂ©servĂ©. Par lĂ , il se proposait de montrer aux disciples avec quelle froideur et quel manque de cĆur les Juifs se conduiraient dans un cas semblable, et, en accordant ensuite lâobjet de la requĂȘte, il donnerait lâexemple de la compassion que les disciples devaient manifester en face de telles dĂ©tresses. {JC 393.2}
Bien que JĂ©sus nâeĂ»t pas rĂ©pondu, la femme ne perdit pas sa foi. Comme il poursuivait son chemin, sans paraĂźtre lâentendre, elle le suivit, renouvelant ses supplications. ImportunĂ©s, les disciples demandĂšrent Ă JĂ©sus de la renvoyer. Voyant que le MaĂźtre la traitait avec indiffĂ©rence, ils pensaient quâil partageait le prĂ©jugĂ© des Juifs contre les CananĂ©ens. Mais câest un Sauveur plein de pitiĂ© que cette femme implorait, et la requĂȘte des disciples provoqua cette rĂ©ponse de JĂ©sus: âJe nâai Ă©tĂ© envoyĂ© quâaux brebis perdues de la maison dâIsraĂ«l.â Quoique cette rĂ©ponse semblĂąt sâaccorder avec la prĂ©vention des Juifs, elle contenait un reproche indirect, Ă lâadresse des disciples: câest ce quâils comprirent, plus tard, en se rappelant combien souvent il leur avait dit quâil Ă©tait venu dans le monde pour sauver tous ceux qui lâaccepteraient. {JC 393.3}
La femme redoubla dâinsistance, se prosternant aux pieds du Christ, et criant: âSeigneur, viens Ă mon secours.â Par sa nouvelle rĂ©ponse, JĂ©sus parut vouloir repousser encore ses priĂšres: âIl nâest pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens.â CâĂ©tait insinuer quâil nâĂ©tait pas juste de gaspiller les bĂ©nĂ©dictions dont le peuple de Dieu avait Ă©tĂ© favorisĂ© en les distribuant Ă Â des étrangers et à  des ennemis dâIsraĂ«l. Toute autre personne eĂ»t Ă©tĂ© complĂštement dĂ©couragĂ©e. Mais la femme discerna, sous le refus apparent de JĂ©sus, une pitiĂ© quâil ne rĂ©ussissait pas à cacher. âOui Seigneur, dit-elle, pourtant les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maĂźtres.â Quand les enfants mangent Ă la table de leur pĂšre, les chiens eux-mĂȘmes ne sont pas oubliĂ©s. Ils ont droit aux miettes qui tombent dâune table abondamment pourvue. Sâil y avait tant de bĂ©nĂ©dictions pour IsraĂ«l, nây en aurait-il donc pas une aussi pour elle? Puisquâon la regardait comme un chien, nâavait-elle pas droit aux miettes comme lui? {JC 394.1}
JĂ©sus venait de quitter son champ dâactivitĂ© parce que les scribes et les pharisiens cherchaient Ă lui ĂŽter la vie. Ils faisaient entendre des murmures et des plaintes. Ils manifestaient de lâincrĂ©dulitĂ© et de la rancĆur, et refusaient le salut si gĂ©nĂ©reusement offert. Et voici que, maintenant, le Christ rencontre un ĂȘtre appartenant Ă une race infortunĂ©e et mĂ©prisĂ©e, nâayant pas Ă©tĂ© favorisĂ© par la lumiĂšre de la Parole de Dieu, et qui cependant cĂšde tout de suite Ă lâinfluence divine du Christ et croit dâune maniĂšre implicite que JĂ©sus est capable de lui accorder la faveur demandĂ©e. Elle mendie les miettes qui tombent de la table du MaĂźtre. Pourvu quâon lui accorde les avantages dâun chien, elle consent Ă ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme tel. Aucun prĂ©jugĂ©, aucun orgueil national ou religieux nâinflue sur sa conduite; elle reconnaĂźt immĂ©diatement, en JĂ©sus, le RĂ©dempteur, celui qui peut faire tout ce quâelle lui demande. {JC 394.2}
Le Sauveur est satisfait. Il a mis cette foi Ă lâĂ©preuve. Il a montrĂ©, par sa façon dâagir avec cette femme que lâon juge indigne de partager les grĂąces accordĂ©es Ă IsraĂ«l, quâelle a cessĂ© dâĂȘtre une Ă©trangĂšre pour devenir lâenfant de la maison de Dieu. Et, comme les autres enfants, elle a droit aux dons du PĂšre. Le Christ exauce sa requĂȘte, achevant ainsi la leçon destinĂ©e aux disciples. Se tournant vers elle avec un regard chargĂ© de pitiĂ© et de tendresse, il lui dit: âO femme, ta foi est grande; quâil te soit fait comme tu le veux.â A cette heure mĂȘme sa fille fut guĂ©rie. Le dĂ©mon ne la tourmenta plus. La femme sâen alla, reconnaissant son Sauveur, heureuse dâavoir obtenu lâexaucement de sa priĂšre. {JC 394.3}
Vers JĂ©sus-Christ pp. 392-394
Le Morning Watch est premier plan de lecture du dĂ©partement de la Jeunesse Adventiste paru pour la premiĂšre fois en 1908, soit un an avant lâintĂ©gration officielle du dĂ©partement dans lâorganigramme de lâEglise.
Le Morning Watch mis en ligne depuis janvier 2020 est lâĂ©dition de lâannĂ©e 1908.