L’offre d’un signe soit dans les profondeurs du séjour des morts, soit dans les lieux les plus élevés (Es 7.11) n’émeut pas Achaz. Alors, quand Dieu dit qu’il viendra lui-même avec un signe (Es 7.14), on s’attend à ce que ce signe ait des dimensions incroyables, concevable seulement par l’imagination divine (comparez avec Es 55.9, 1 Co 2.9).
Surprise ! Le signe en question est un fils. Mais en quoi le fait qu’une vierge attende un enfant et l’appelle Immanou-El peut-il être un signe aux proportions bibliques ?
Qui est la femme, et qui est son enfant ? L’Ancien Testament n’indique nulle part un accomplissement de ce signe important, comme il l’avait fait pour les signes accordés à d’autres personnes, comme Gédéon (Jg 6.36-40). Alors, voici quelques-uns des accomplissements possibles, uniquement sur la base de l’Ancien Testament :
- Comme le terme pour « jeune fille » renvoie à une jeune fille d’âge nubile, beaucoup pensent qu’il s’agit d’une femme mariée vivant à Jérusalem, peut-être la femme d’Ésaïe. Ésaïe 8.3 rapporte que « la prophétesse » (sa femme, dont les messages prophétiques s’exprimaient au moins par les enfants qu’elle avait ; comparez avec Es 7.3, Es 8.18) a donné un fils à Ésaïe. Mais ce fils fut nommé Maher-Shalal-Hash-Baz (Es 8.1,4), et pas Immanou-El. Néanmoins, les signes des deux garçons sont similaires, en ceci qu’avant qu’ils ne soient en âge de choisir entre le bien et le mal, la Syrie et le nord d’Israël seraient dévastés (Es 7.16, Es 8.4).
- Certains avancent qu’Immanou-El est Ézéchias, fils d’Achaz, qui devint roi après lui. Mais le nom d’Immanou-El ne lui est jamais attribué.
- Puisqu’Immanou-El est quelque peu mystérieux et que son nom, généralement traduit par « Dieu avec nous » renvoie à la présence de Dieu, il pourrait s’agir du même Fils spécial prophétisé dans Ésaïe 9 et 11. Si c’est le cas, la description de son exaltation divine (Es 9.6) et la racine de Jessé (Es 11.10) surpassent tout ce que l’on pourrait attribuer même au bon roi Ézéchias.
- Une naissance naturelle chez une femme non mariée en âge de se marier donnerait un enfant illégitime, car c’était une union illégale (voir Dt 22.20, 21). Pourquoi Dieu ferait-il référence à un tel enfant comme à un signe pour inspirer la foi ?
A contrario, le Nouveau Testament identifie Jésus comme étant Emmanuel (Mt 1.21-23), né miraculeusement et avec pureté d’une vierge non mariée, mais fiancée. Jésus est également le Fils divin (Es 9.5, Mt 3.17) et le rameau et la racine de Jessé (Es 11.1, 10 ; Ap 22.16). Peut-être qu’un Immanou-El plus ancien, dont le développement prouva à Achaz la ponctualité des accomplissements prophétiques, servait de précurseur de Christ. Nous l’ignorons. Mais nous savons ce que nous avons besoin de savoir : mais lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme (Ga 4.4), pour nous donner la présence de Dieu avec nous.
Méditez davantage sur cette réalité : Christ est venu sous forme humaine. Quel réconfort cette réalité peut-elle nous donner dans ce qui semble un monde froid, terrifiant et insensible ?