Source : Biblical Research Institute
Ăcrit par Ăngel Manuel RodrĂguez
PEUT-ON VOIR DIEU, OU EST-IL INVISIBLE PAR NATURE ?
Ma premiĂšre rĂ©action Ă cette question a Ă©tĂ© de lâignorer, principalement parce quâelle pourrait facilement aboutir Ă des spĂ©culations qui nâenrichissent pas la vie spirituelle. AprĂšs rĂ©flexion, je me suis dit quâaborder cette question pourrait sans doute rendre gloire Ă Dieu et Ă Christ. Voici donc quelques observations.
1. CRĂĂS Ă LA RESSEMBLANCE DE DIEU
GenĂšse 1.26 Ă©tablit que Dieu a crĂ©Ă© les ĂȘtres humains Ă son « image » et Ă sa « ressemblance » â deux noms utilisĂ©s de façon interchangeable dans dâautres endroits de lâAncien Testament. La terminologie elle-mĂȘme inclut cette idĂ©e dâune expression concrĂšte. Tous les
ĂȘtres humains, chacun en tant quâunitĂ© indivisible, ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s Ă lâimage ou en tant quâimage de Dieu. Par consĂ©quent, lâimage est ce quâils sont. Cette pensĂ©e audacieuse soulĂšve dans lâesprit de certains la question de lâexistence matĂ©rielle de Dieu.
Si la Bible ne nie pas un tel Ă©tat, en revanche, notre passage porte avant tout sur lâaspect unique des ĂȘtres humains, et non sur lâapparence extĂ©rieure de Dieu ! En dâautres termes, nous ne pouvons explorer lâexistence matĂ©rielle humaine pour dĂ©finir lâexistence divine.
Nous pouvons confirmer la prĂ©sence divine sans pour autant approfondir le mystĂšre de son impĂ©nĂ©trabilitĂ©. On pourrait Ă©ventuellement dire que Dieu nâa pas de corps mais quâil est un corps, sans pour autant spĂ©culer sur la nature de son existence matĂ©rielle.
2. VISIBLE-INVISIBLE
On attribue parfois lâinvisibilitĂ© Ă Dieu, suggĂ©rant que celui-ci est dĂ©pourvu dâune forme visible. Paul se rĂ©fĂšre Ă Dieu comme Ă©tant le « Dieu invisible » [grec : aoratos] (Col 1.15), « immortel, invisible, seul Dieu » (1 Tm 1.17). Jean ajoute : « Personne nâa jamais vu Dieu » (Jn 1.18).
Cependant, le terme grec aoratos dĂ©crit non ce qui par nature est dĂ©pourvu de visibilitĂ©, mais plutĂŽt ce qui ne peut ĂȘtre vu sur-le-champ â câest-Ă -dire que pour les Grecs, lâavenir ou la face de la lune Ă©tait invisible pour une pĂ©riode de temps. Lorsque nous dĂ©crivons Dieu en tant quâĂȘtre invisible, nous parlons dâune chose beaucoup plus profonde, câest-Ă -dire de sa divine transcendance, ou de la distance infinie entre le CrĂ©ateur et la crĂ©ature. La corporalitĂ© de la crĂ©ature ne peut contenir la plĂ©nitude de Dieu tel quâil est en lui-mĂȘme.
Ici, le rĂŽle de JĂ©sus en tant que MĂ©diateur est indispensable, parce quâil rend visible celui que nul ne peut voir (Jn 1.18 ; 14.8,9) mais dĂ©sire voir (Mt 5.8). LâAncien Testament et le Nouveau Testament (voir Ex 24.17 ; 1 Tm 6.16) attestent que Dieu habite une lumiĂšre impĂ©nĂ©trable ; la lumiĂšre de sa gloire rĂ©vĂšle et cache en mĂȘme temps son moi visible, et rend ses crĂ©atures conscientes de sa prĂ©sence. Peut-ĂȘtre lâexemple le plus audacieux de ce phĂ©nomĂšne se trouve dans ĂzĂ©kiel, lequel aperçoit sur le chariot-trĂŽne divin « une figure dâhomme » environnĂ©e dâune lumiĂšre Ă©clatante semblable à « de lâairain poli », ou « comme du feu » (Ez 1.26,27). ĂzĂ©kiel a vu lâindescriptible lumiĂšre, la gloire mĂȘme qui couvre la prĂ©sence visible de Dieu ! Nul besoin de spĂ©culer sur la nature de lâaspect corporel de Dieu, car il ne nous est pas donnĂ© de la comprendre. Le sujet traite de la nature unique du CrĂ©ateur et de la promesse quâun jour, se tenant devant la lumiĂšre impĂ©nĂ©trable de sa gloire, Ă©blouis par son Ă©clat, nous lâadorerons. Tout est possible par JĂ©sus, lequel nous a rĂ©vĂ©lĂ© lâamour de Dieu et glorifiera notre corps, en sorte que nous pourrons nous tenir devant Dieu et voir sa gloire.